gobelet

Sur la butte de la grande scène, on regarde Alain Souchon chanter un baiser, et c’est là que jean-guillaume, porté disparu à peine quelques minutes plus tôt, réapparait avec une troisième cheville qui pousse. Une bouteille de piquette plus tard, ses réactions de mec bourré s’estompent presque, et il accepte à contrecœur de se laisser remorquer jusqu’à l’infirmerie.
Au stand du 94, ils sacrifient les prix, et le plateau de charcuterie pour quatre qu’on payait dix euros vendredi soir est à nous pour cinq euros, un pichet en prime.  J. et moi sommes  comme des coqs en pâte, et d’ailleurs on n’arrête pas avec les expressions passées de mode, qui dans nos bouches violettes de vin rouge sonnent complètement faux.
Dimanche il pleut, et dans la tente jp se vautre dans un mutisme total, si bien que je finis par lâcher à j. un « oh ! Tout le monde est parti, on est toutes seules ! ». Comme elle éclate un pan de papier bulles d’a peu près trente centimètres sur quarante, elle ne réagit pas tout de suite, et que je l’assimile à une entité féminine ne fait pas retrouver sa voix au mâle concerné, qui se contente de rire en silence.
A la fin du weekend, on est incapables de crier juste, et on monte dans la voiture en laissant notre voix sur place. Dommage qu’elle soit morte.

Lundi 13 septembre 2010 à 20:02

Celle qui peut s’esclaffer dix minutes sur une faute de frappe, du genre campire ou lugbib, ou quand elle entend le mot méchoui, ou en voyant une photo de souris morte sur internet. Celle qui pense que la pate à modeler, c’est toujours bleu, que l’orage est plus effrayant qu’un gros chien mais moins qu’une forêt la nuit. Le genre de fille qui à treize ans va demander ce que veut dire « branler » à son père. Connement moi.
Et puis il y en a qui osent encore s’étonner des dauphins échoués sur leurs plages ; il y en a qui osent se satisfaire de seize canots de sauvetage sur le Titanic au lieu de trente-deux, parce que trente-deux, ça fait moche ; il y en qui osent utilisent - pis encore, qui aiment à utiliser - le verbe niquer en 2010 ; mais par-dessus tout. Il y a des fous qui osent couper la ligne 4 un samedi après-midi.

alors la conne des cinq lignes plus haut se sent mieux

Mardi 24 août 2010 à 22:55

Au camping, les cruciverbistes sont de sortie, et qu’on nous appelle de la sorte nous fait nous sentir grandement supérieurs. Comme d’apprendre le mot œillade ou callipyge à un type aussi épanoui qu’un vendeur de kebab devant sa sauce mayo. Les cousues se suivent et se ressemblent, puisqu’elles empruntent invariablement le même chemin, de ma bouche à celle de b., en passant par celles de berti et cousine. Au camping il y a un chaton noir et blanc vivant, qui change de maître comme une canette chaude change de main, et des masques de canards qui hurlent à qui veut bien l’entendre qu’il faut donner du rêve. On n’arrive pas à comprendre comment les gens peuvent être aussi drôles, alors quand la tonnelle d’en face joue yann tiersen et que celle d’à côté prend l’accent haïtien, on assimile ça à de l’acharnement thérapeutique.
En quittant le camping, les voisins bien trop gentils nous intiment la plus grande prudence sur la route. Sauf que nous, on est restés bloqués dans les années 2000, alors c’est le poom poom short de nuttea qui nous accompagne jusqu’au péage.  Et je ne suis toujours pas convaincue que ce soit le signe d’une grande sagesse.
 

Mercredi 11 août 2010 à 14:18

Quand je vois mon ombre, ou quand je la vois pas, souvent mes bras ont besoin de s’exprimer. Alors je fais des moulinets des épaules, un peu comme quand j’ai soudainement une envie folle de pédaler dans le vide allongée par terre au milieu d’un champ plein de types bourrés. C’est à peu près à ce moment là que les gens qui ne sont pas moi décident d’un accord tacite que je suis à jeter, et généralement ils arrêtent de m’adresser la parole, sauf pour me demander une feuille, un tire bouchon guépé ou toute autre merveille planquée au fond de mon sac maison. Et comme plus personne ne me parle, j’ai tout le loisir de peaufiner ma technique de moulinage. En bruit de fond, une gonzesse parle des bijoux que son mec lui a offert à la saint valentin, alors ma tête se met à refaire le portrait du Mathieu du collège. Très grand, avec l’air con qu’ont souvent les tueurs en série. En cours de musique, à part de la flute à bec, on faisait du chant, et lui, il y mettait toute son âme. Âme qu’il a perdu quelques mois après le début de l’année scolaire, quand il a décidé subitement qu’il était amoureux de moi. Les boucles d’oreilles qu’il a voulu m’offrir, elles étaient vertes, et il les avait achetées pour Sélène, la gamine à qui il tenait la main dans la cour avant les vacances estivales. Malheureusement pour son amour propre, je devais être la seule du collège à ne pas avoir les oreilles percées, et la cinquième en deux mois à l’envoyer bouler. Quand je lui ai dit de garder ses boucles d’oreilles de chez claire’s, je fixais son t-shirt à tête de koala géante, non seulement parce que mes yeux arrivaient exactement à cette hauteur, mais aussi pour ne pas éclater d’un rire mauvais en voyant ses yeux caca d’oie se remplir de larmes.

Lundi 12 juillet 2010 à 17:52

Tout le monde semble me reconnaître, fait étrange puisque moi je ne me souviens d'aucune de leurs trombines. - Mais si, on s'est parlé à l'Empreinte. Oui, peut-être, sûrement. Alors qu'une de ces prétendues connaissances s'obstine à m'appeler Bambino - il chercherait à me faire sortir de mes gonds qu'il ne s'y prendrait pas autrement - un autre me demande pourquoi Bambi ? Et c'est le panier en osier dans lequel s'entassent une vingtaine de mousses qui me fait répondre presque sans honte que c'est moi qui ai choisi.
b. et moi, on se refile le hoquet comme une saloperie de témoin pendant les courses de relais au collège. Ca fait une heure et demie que ça dure, et ça me fait presque rire de sentir ma gorge se contracter dès que je tire sur ma roulée sans filtre, puisque les filtres, je les ai perdus depuis longtemps. e. , l’obsessionnel du Bambino, lance dans un glapissement joyeux qu’il va rouler un énorme cône. Imperturbable, je continue de plier les emballages des apéricubes en carrés de plus en plus petits, alors que le reste de la troupe déplore le fait que la cigarette aux propriétés stupéfiantes ne tourne pas. Et c’est comme ça qu’on se retrouve dans la voiture, avec b. qui conclut mon monologue sur ma petite enfance, mes tresses et mes bretelles écureuil par un « tout ça pour dire, e. c’est vraiment un con ».

Mercredi 7 juillet 2010 à 21:28

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