gobelet

Quand je vois mon ombre, ou quand je la vois pas, souvent mes bras ont besoin de s’exprimer. Alors je fais des moulinets des épaules, un peu comme quand j’ai soudainement une envie folle de pédaler dans le vide allongée par terre au milieu d’un champ plein de types bourrés. C’est à peu près à ce moment là que les gens qui ne sont pas moi décident d’un accord tacite que je suis à jeter, et généralement ils arrêtent de m’adresser la parole, sauf pour me demander une feuille, un tire bouchon guépé ou toute autre merveille planquée au fond de mon sac maison. Et comme plus personne ne me parle, j’ai tout le loisir de peaufiner ma technique de moulinage. En bruit de fond, une gonzesse parle des bijoux que son mec lui a offert à la saint valentin, alors ma tête se met à refaire le portrait du Mathieu du collège. Très grand, avec l’air con qu’ont souvent les tueurs en série. En cours de musique, à part de la flute à bec, on faisait du chant, et lui, il y mettait toute son âme. Âme qu’il a perdu quelques mois après le début de l’année scolaire, quand il a décidé subitement qu’il était amoureux de moi. Les boucles d’oreilles qu’il a voulu m’offrir, elles étaient vertes, et il les avait achetées pour Sélène, la gamine à qui il tenait la main dans la cour avant les vacances estivales. Malheureusement pour son amour propre, je devais être la seule du collège à ne pas avoir les oreilles percées, et la cinquième en deux mois à l’envoyer bouler. Quand je lui ai dit de garder ses boucles d’oreilles de chez claire’s, je fixais son t-shirt à tête de koala géante, non seulement parce que mes yeux arrivaient exactement à cette hauteur, mais aussi pour ne pas éclater d’un rire mauvais en voyant ses yeux caca d’oie se remplir de larmes.

Lundi 12 juillet 2010 à 17:52

Tout le monde semble me reconnaître, fait étrange puisque moi je ne me souviens d'aucune de leurs trombines. - Mais si, on s'est parlé à l'Empreinte. Oui, peut-être, sûrement. Alors qu'une de ces prétendues connaissances s'obstine à m'appeler Bambino - il chercherait à me faire sortir de mes gonds qu'il ne s'y prendrait pas autrement - un autre me demande pourquoi Bambi ? Et c'est le panier en osier dans lequel s'entassent une vingtaine de mousses qui me fait répondre presque sans honte que c'est moi qui ai choisi.
b. et moi, on se refile le hoquet comme une saloperie de témoin pendant les courses de relais au collège. Ca fait une heure et demie que ça dure, et ça me fait presque rire de sentir ma gorge se contracter dès que je tire sur ma roulée sans filtre, puisque les filtres, je les ai perdus depuis longtemps. e. , l’obsessionnel du Bambino, lance dans un glapissement joyeux qu’il va rouler un énorme cône. Imperturbable, je continue de plier les emballages des apéricubes en carrés de plus en plus petits, alors que le reste de la troupe déplore le fait que la cigarette aux propriétés stupéfiantes ne tourne pas. Et c’est comme ça qu’on se retrouve dans la voiture, avec b. qui conclut mon monologue sur ma petite enfance, mes tresses et mes bretelles écureuil par un « tout ça pour dire, e. c’est vraiment un con ».

Mercredi 7 juillet 2010 à 21:28

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