gobelet

Je suis au téléphone, en train de supplier beau papa de venir nous chercher, et un type me suit en arborant une bouteille de spiritueux à moitié vide. Il cherche absolument le contact, il sait qu’ici, c’est le genre d’endroit où le satyriasis n’a que l’embarras du choix, et même si les gonzesses présentes valent pas un clou, une nouvelle mst l’attend quelque part entre le lac et le feu de camp. Je le vois s’étaler sous mes yeux en plein milieu d’une phrase. Une des siennes, sa chute ne me faisant pas perdre le fil de mon explication quant à la localisation de la zone autonome temporaire. Après la négociation, mon regard se tourne vers l’olibrius, et le découvre étendu de tout son long, les pieds à deux centimètres de l’eau. Le type a perdu tout espoir et semble bien décidé à passer le reste de sa vie allongé sur ce bout de terre. Quand une demi heure plus tard il se relève enfin, il titube environ deux secondes, pour retomber immédiatement la tête dans la boue, en un magnifique pied de nez à la nature humaine.

Lundi 17 mai 2010 à 21:15

De l’extérieur, le bâtiment fait carrément maison close, et je demande à mes acolytes hilares si ils m’emmènent dans un club de strip. On sonne, et le patron qui nous ouvre et qui vérifie leurs cartes de membres ressemble à s’y méprendre à un violeur d’enfants. En vérité, je comprend que c’est le cas quand je le vois sourire.
Chevalière, harmonica & cigarillos, Claude semble sortir d’un western. Que je le compare à Lucky Luke le fait hurler de rire, alors il me parle de l’Amérique, de l’Inde, et de son dépucelage en Suède. Plus les pintes se vident, plus il parle, et mon sourire franc se mue rapidement en un bâillement à peine dissimulé. La chemise rouge à pois blancs du bassiste me fait détourner le regard du quinquagénaire et le manque de contact visuel lui fait déverser sa litanie sur un autre pauvre hère qui n’avait rien demandé. Quand ils commencent « Whole lotta love », je suis à deux doigts de sauter sur la table en glapissant comme le loup de Tex Avery. La faute à sa chemise.

Dimanche 9 mai 2010 à 20:49

Dans un appartement minuscule, le vin blanc me fait oublier comment on dit "peau" en espagnol, et comme le mec ne comprend pas j'essaie en vain de mimer et je répète "skin! skin!" comme une pauvre bègue en me tripotant frénétiquement le visage. A cette heure ci, la communication est quasi impossible, mais sur le canapé les slovènes hurlent "Nasdrovia", alors on trinque et on oublie qu'on ne se comprend qu'à demi-mot. Les conversations sont bancales, mais la pipe dans ma bouche est réelle, et ça me tue de réaliser que mon bonheur dépend d'un bout de bois sculpté et de trois bouteilles de blanc sec. Peu importe, ils titubent dans l'avenue comme deux pochards après un mariage, ceux qui restent jusqu'au bout pour boire leur vinasse jusqu'à la lie. Ils pissent contre une voiture en jouant de la flute à bec, et je les regarde se soulager en gloussant. Dans ma tête je pense en anglais, j'ai presque l'impression d'être à l'école. oui c'est ça, j'ai huit ans, on fait une bataille de papier toilette mouillé, punition générale, bureau de la directrice et tout le toutim, et puis à noël j'offre des conneries qui trainent au fond de mes placards à mes parents, ça leur fera plaisir. C'est de leur faute, fallait pas mettre dans le crâne d'une gamine à salopette que c'était l'intention qui comptait. Tant pis pour eux, moi je leur distribuais des rubans en guettant leur air comblé. Les saoulards reviennent de leurs latrines improvisées, b. m'appelle mimine et ça me fait marrer, c'est qui la gonzesse maintenant ?

Vendredi 7 mai 2010 à 18:27

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