gobelet

on s’improvisait pocahontas, et on se vantait de pouvoir deviner l’heure exacte rien qu’en scrutant la position du soleil. on prenait le temps d’être théâtrales, comme quand on sait qu’il n’y a personne à la maison quand on grimpe aux rideaux. on en rajoute, on s’époumone, on s’éparpille, et  on se retrouve avec les voisins qui cachent les yeux de leurs enfants quand on les croise. dans nos errances sur le fil de l’horloge, parfois, on tombait juste. on restait interdites dix bonnes secondes, hésitant franchement entre un éclat de rire fébrile et un silence suffisant. mais j. me devançait toujours en lançant à la cantonade un « on vous l’avait dit ! » triomphant. la stupeur dans les billes du mec qui se foutait de nous deux minutes plus tôt nous faisait oublier notre barre dans le crâne et la température caniculaire de notre  bière ; pour un peu, on en aurait oublié l’heure. 

Lundi 16 décembre 2013 à 13:26

sept heures du matin un dimanche de décembre, c’est un peu comme le sac de mary poppins : y’a des chances de se perdre en route avant de tomber sur ce que l’on cherche. on vient de me piquer un poste sous le pif, mais les psychotropes aidants, je me soucie bien plus des tas de feuilles mortes que de mon futur chômage. je manque de me rompre le cou en trébuchant sur une motte de terre, et je deviens en une seconde la petite sœur dont on a honte. je suis une saloperie de b.a. à cocher sur son carnet de bon petit scout. mais ça m’importe peu, le reste n’est que maisons en construction et étangs illuminés que je découvre avec le bonheur immaculé d’une gamine à qui on offre une robe qui tourne. quand trois heures plus tard j’ai bu un verre d’eau savonneuse et massacré mes bottes neuves dans une hilarité proche de la démence, j’estime qu’il est temps d’arrêter les frais, et je rends les armes à l’instant où je me glisse sous les draps froids. ce matin-là, il n’y a que ma connerie qui ne m’ait pas abandonnée, puisqu’à trop fanfaronner que de toute façon, sous md, on se rappelle de tout, je me réveille avec un triangle des bermudes dans le cerveau.

« J’aimerais bien te rencontrer maintenant » : même après la descente, j’arrive pas à savoir si c’est la chose la plus jolie ou la plus triste qu’on m’ait jamais dite.

Jeudi 12 décembre 2013 à 15:02

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