gobelet

A vingt-cinq dans un quarante mètres carré, l’atmosphère pourrait vite devenir irrespirable, mais les dipsomanes ont de la jugeotte, et ce sont les changements réguliers de pièce qui permettent au rassemblement de se dérouler cahin-caha, au gré des lampes cassées et autres futilités. Sur le balcon, les douze pompes à nicotine jouent des coudes pour ne serait-ce que sortir un briquet -qui n’est d’ailleurs sûrement pas le leur- sans même s’apercevoir qu’ils ont déjà fumé l’équivalent de trois sèches simplement en inspirant. Ça fait vingt minutes que les toilettes sont occupées par une caricature de couple, et depuis à peu près le même temps, la contre soirée de la cuisine disserte sur s’ils le font ou non, et si une capote usagée va rejoindre la bière à moitié pleine et les capsules qui décorent plus ou moins artistiquement la pièce bleue.

Et quand à quelques secondes d’intervalle, b. et moi déballons exactement le même discours à une marion bien trop sobre, la fine équipe, je la vois.

Jeudi 30 septembre 2010 à 10:30

C’était de la musique dans ma tête et dans mon corps qui tout d’un coup s’est tue. L’adrénaline qui retombe d’un coup, le vigile probablement haïtien qui continue de me regarder d’un sale œil pour que je repasse du bon côté des barrières, parce que bon, si tout le monde commence à faire comme ça,  rendez vous compte un peu les proportions que ça peut prendre. J’imagine qu’il visualisait un mouvement de foule qui finirait par du sang, des larmes, et des globes oculaires écrasés sur la pelouse. Le genre de spectacle qui fait mauvais genre en Picardie. C’est là que je me suis retournée pour enjamber la barrière. Assise comme une amazone en carton pâte, je me contorsionnais pour anticiper le demi tour en équilibre sur cette barre froide, le tout sans laisser tomber la bouteille dans mes seins et le pèse personne sous mon bras. Quand je me suis vautrée, la sécurité incarnée par ce grand mec m’a regardée en souriant. Je pense quand même qu’il regrettait que je ne me sois pas cassé deux dents. Alors j’ai couru.

Lundi 20 septembre 2010 à 20:32

Sur la butte de la grande scène, on regarde Alain Souchon chanter un baiser, et c’est là que jean-guillaume, porté disparu à peine quelques minutes plus tôt, réapparait avec une troisième cheville qui pousse. Une bouteille de piquette plus tard, ses réactions de mec bourré s’estompent presque, et il accepte à contrecœur de se laisser remorquer jusqu’à l’infirmerie.
Au stand du 94, ils sacrifient les prix, et le plateau de charcuterie pour quatre qu’on payait dix euros vendredi soir est à nous pour cinq euros, un pichet en prime.  J. et moi sommes  comme des coqs en pâte, et d’ailleurs on n’arrête pas avec les expressions passées de mode, qui dans nos bouches violettes de vin rouge sonnent complètement faux.
Dimanche il pleut, et dans la tente jp se vautre dans un mutisme total, si bien que je finis par lâcher à j. un « oh ! Tout le monde est parti, on est toutes seules ! ». Comme elle éclate un pan de papier bulles d’a peu près trente centimètres sur quarante, elle ne réagit pas tout de suite, et que je l’assimile à une entité féminine ne fait pas retrouver sa voix au mâle concerné, qui se contente de rire en silence.
A la fin du weekend, on est incapables de crier juste, et on monte dans la voiture en laissant notre voix sur place. Dommage qu’elle soit morte.

Lundi 13 septembre 2010 à 20:02

<< A gauche | 1 | A droite >>

Créer un podcast