gobelet

Avec petite sœur, on comprend pas trop pourquoi maman a le ventre si rond, mais il parait qu’on va avoir un petit frère. On est à center parcs parce que papa est riche, en Dordogne, ou en Bourgogne, ou quoi que ce soit qui se termine par -ogne, comme grogne. On est du genre à ramasser des châtaignes, qu’on appelle des marrons, et de toute façon on a encore du mal à faire la différence entre les deux. Pendant nos quatre jours là bas, on a regardé the mask trois fois en deux jours, on a glissé sur le toboggan magique de la piscine chauffée, on est passées de la piscine intérieure à la piscine extérieure par le trou dans la vitre, et maman a pris des photos, c‘est toujours maman qui prend les photos. Sauf que nous, tout ce qu’on voulait, c’était faire un tour dans la petite voiture de golf des saisonniers, et être prévenues que six ans plus tard, on haïrait notre frère d’avoir grandi si vite, troquant son siège auto pour bébé - si confortable en appuie-tête - contre un rehausseur nous rentrant dans les hanches. On aurait aussi aimé savoir, avant de se payer la tête du gamin toujours au milieu dans la voiture, qu’il pourrait nous mirer le haut du crane avant ses quinze printemps, et nous mettre à terre en deux coups de cuillère à pot. Géniteurs, merci.

Dimanche 26 décembre 2010 à 3:01

Moi je pensais que c’était écrit sur nos gueules: « étudiantes à mi-temps et pauvres à temps plein », mais visiblement le blondinet de AIDES ne savait pas lire. Comme tous les gens qui interpellent les piétons devant la gare, sous la pluie et dans un ciré rouge hideux, il souriait des lèvres et des dents, mais ses yeux criaient « tu. er. TU. ER ! ».  Après une vaine tentative d’esquive, on se retrouve embarquées dans une conversation à sens unique, les contresens de j. « c’est pour le sida c’est ça ? » ne décrispent pas l'olibrius, parce que non, pauvre idiote, c’est contre le sida qu’on lutte.  Blondie comprend finalement qu’on n’a pas un sou, ni en poche ni dans un coffre à Gringotts, et se lance dans une leçon de morale ou je ne m’y connais pas, pour finalement nous hurler dans un hoquet de rage de retourner sur notre planète, nous, extra-terrestres des bas fonds.  Heureusement  qu’il y a  médecins du monde, les garçons en bleus nous demandent si on va en teuf, et vont demander à la pharmacie du coin le mot « homéopathie » pour sauver nos cerveaux en ébullition. D’un autre côté, le bleu est bien plus seyant, et l’homéopathie c’est comme l’hypnose, personne n’y croit mais ça marche quand même.

Vendredi 10 décembre 2010 à 20:08

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