gobelet

Quand j’étais gamine, je sais pas pourquoi, les cimetières m’apaisaient assez. Tous ces morts autour, ça simplifiait vachement les conversations. Championne du soliloque, j’étais plutôt dans mon élément.
Ça m’a rappelé un peu ce soir où un mec m’a dit qu’il fallait que je retrouve l’estime de moi et que j’arrête de donner mon corps à des inconnus, que je me gâchais et que je méritais mieux que ça. D’un côté ça m’avait fait rire, grands dieux, qu’y aurait-il à gâcher. De l’autre patte, je m’étais sentie oppressée, l’avais regardé sans rien dire, avais souri, et m’étais accrochée à ma cigarette comme à un espoir. Qu'il se barre et aille faire la morale à d'autres putains en fin de vie.
C’est pour ça que ces fleurs en plastique me sont apparues comme extraordinairement superflues. Il y en avait même des mauves, qui répandaient leur laideur sur le petit bout de terre à mes pieds. J’aurais voulu tout arracher, mais le gardien des lieux aurait surement fait la gueule.
Un papi est passé à côté de moi, avec sa casquette qui pendait sur son oreille droite, la casquette du papi qui roule à 20. Et il s’est mis à activer toutes les petites fontaines du cimetière. Il souriait, un sourire qui lui prenait tout le visage, et je me suis dit que s’il riait aux éclats, la partie supérieure de son crâne partirait sans doute en arrière, révélant sa cavité buccale et son oropharynx, du rouge, beaucoup de rouge.
Mais le type avait pas une tête à rire.

Comme y’avait plus rien à voir, je suis rentrée en bus
je crois que le chauffeur avait pitié.

Vendredi 19 février 2010 à 22:42

Développe ton style

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