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C'était une de ces soirées qui commence et finit mal, une de celles auxquelles on va en sachant pertinemment qu'on ferait mieux de rentrer chez soi par le train de 22 heures au lieu de prendre le RER C pour Saint Michel. Le mec que je rencontre sur les quais est grand et moche, et qu'il porte le nom d'un chat décédé ne le fait même pas rire, je trouve ça dommage - encore un con qui s'ignore celui-là. Mais comme il m'offre un blue lagoon à quinze balles dans un troquet où une fille joue brel au piano, j'oublie qu'il n'est pas drôle et je sirote ma liqueur bleue avec la même énergie qu'une gamine hyperactive. Je me moque bien de ce grand dadais, puisque bientôt, je pars en vacances.

Quelques semaines plus tard, au fin fond de la forêt de janas, on est tous persuadés que le volley de 18 heures éliminera tout ce qu'on s'est enfilé de crêpes au nutella dans la semaine. mais comme le plus clair de notre temps sur le terrain, on le passe à parier cent balles et un mars sur l'issue du prochain match, on finira tous les vacances avec trois kilos en plus. La terrasse du bar est toujours sale le matin, dit le préposé de l'entretien, dégoûté de voir que certains font la fête et laissent trainer leurs bouchons de rosés, témoins de la célébration d'un anniversaire ou d'un dernier verre. C'est lui qui nettoie, et il n'est jamais invité à la fête. il faut dire que quand on a pas de dents et qu'on sourit de manière ostentatoire, les chances d'être pris pour un pervers polymorphe augmentent considérablement. c'est encore lui qui fuit son mobil-home dans la nuit pour passer sa rage en nettoyant les sanitaires, parce que ses voisins de chambrée sont trop bruyants, et qui me maudit en silence quand à peine capable d'aligner deux mots, j'arrive à articuler un « je peux finir le saumon ? ». comme il est moche, il se sent obligé de dire oui, et c'est sans un merci que j'engloutirai le précieux poisson. à l'heure du départ qui arrive trop tôt, leurs tentatives puériles pour m'extorquer une larme sur le quai ne me font pas perdre le sourire que je garde depuis ce matin où les pains au chocolat tendus sous mon nez me réveillent. sous le signe du v(entre).  

Jeudi 18 août 2011 à 0:50

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