gobelet

à la bellevilloise, entre un accordéon et une vodka renversée, on croise le genre de bourgeoise à peine bohème qui me tire les cheveux comme si elle voulait me les arracher. c’est vrai que c’était pas très catholique de ma part de lui hurler dessus uniquement parce qu’elle subtilisait ma bière à 10 euros avec la discrétion d’un éléphant de mer. m. m’avouera quelques semaines plus tard que si elle s’était permis de s’accrocher à mes bouclettes, c’était uniquement parce qu’il lui avait assené un coup d’épaule bien senti entre les omoplates. il m’avouera aussi que le ticket 963 qu’on a cherché une demi-heure sous le regard d’une préposée au vestiaire agréable comme un frottis vaginal, il l’a retrouvé le lendemain sur le sol de son living. comme quoi, bénéficier du tarif jeune à la scnf n’empêche pas le ciboulot de déconner à pleins tubes. dans ces moments là je plaiderais bien la folie ; il est assez difficile pour les gens normaux de faire confiance à une gonzesse qui perd ses neurones alors qu’elle attaque à peine la deuxième moitié de sa vingtaine.

Jeudi 16 janvier 2014 à 18:06

en ouvrant le sachet rouge, je ne m'attendais pas à y trouver le genre de bracelets en métal que je piquais sur le marché à l'époque où j'avais encore des dents de lait plein la bouche. ce qu'il y a de bien avec les père-noël surprise, c'est qu'on a personne à haïr quand on se retrouve avec une ignominie qui pendouille au poignet.
plus tard, quand j'évite de croiser le regard de celui avec qui je dormais tous les soirs il y a encore quelques mois, la seule solution qui s'impose à moi est de fuir. un masque de cire collé sur la gueule, je repense aux ersatz de cadeaux qu'on a déballé ce midi entre le planning et la badgeuse, et une réalité me frappe. il est beaucoup plus facile de feindre le bonheur quand on ne sait pas à qui en vouloir.  

Vendredi 3 janvier 2014 à 16:08

on s’improvisait pocahontas, et on se vantait de pouvoir deviner l’heure exacte rien qu’en scrutant la position du soleil. on prenait le temps d’être théâtrales, comme quand on sait qu’il n’y a personne à la maison quand on grimpe aux rideaux. on en rajoute, on s’époumone, on s’éparpille, et  on se retrouve avec les voisins qui cachent les yeux de leurs enfants quand on les croise. dans nos errances sur le fil de l’horloge, parfois, on tombait juste. on restait interdites dix bonnes secondes, hésitant franchement entre un éclat de rire fébrile et un silence suffisant. mais j. me devançait toujours en lançant à la cantonade un « on vous l’avait dit ! » triomphant. la stupeur dans les billes du mec qui se foutait de nous deux minutes plus tôt nous faisait oublier notre barre dans le crâne et la température caniculaire de notre  bière ; pour un peu, on en aurait oublié l’heure. 

Lundi 16 décembre 2013 à 13:26

sept heures du matin un dimanche de décembre, c’est un peu comme le sac de mary poppins : y’a des chances de se perdre en route avant de tomber sur ce que l’on cherche. on vient de me piquer un poste sous le pif, mais les psychotropes aidants, je me soucie bien plus des tas de feuilles mortes que de mon futur chômage. je manque de me rompre le cou en trébuchant sur une motte de terre, et je deviens en une seconde la petite sœur dont on a honte. je suis une saloperie de b.a. à cocher sur son carnet de bon petit scout. mais ça m’importe peu, le reste n’est que maisons en construction et étangs illuminés que je découvre avec le bonheur immaculé d’une gamine à qui on offre une robe qui tourne. quand trois heures plus tard j’ai bu un verre d’eau savonneuse et massacré mes bottes neuves dans une hilarité proche de la démence, j’estime qu’il est temps d’arrêter les frais, et je rends les armes à l’instant où je me glisse sous les draps froids. ce matin-là, il n’y a que ma connerie qui ne m’ait pas abandonnée, puisqu’à trop fanfaronner que de toute façon, sous md, on se rappelle de tout, je me réveille avec un triangle des bermudes dans le cerveau.

« J’aimerais bien te rencontrer maintenant » : même après la descente, j’arrive pas à savoir si c’est la chose la plus jolie ou la plus triste qu’on m’ait jamais dite.

Jeudi 12 décembre 2013 à 15:02

Café du temple, j'ai rarement vu une décoration d'aussi mauvais goût, mais va savoir pourquoi, ça me plait. peut-être parce que fin 2011 dans le 3ème arrondissement, il faut oser tenir un troquet orné du sol au plafond de motifs léopard, plafond duquel pendent une vingtaine de pères noël en tissu. peut-être aussi parce que le fait de payer un café crème plus de trois euros est compensé par la tresse noire d'un mètre qui m'apporte une carafe quand je lui demande un verre d'eau. sûrement parce que le mariage de tabourets pink floyd et de masques vénitiens sur fond zébré cause la crise d'épilepsie qui m'empêche de piquer un somme sur ma nappe en fausse fourrure. ce n'est qu'en allant uriner mes 4 euros 50 que je réalise que les patrons ont, en plus des fauves, une passion pour  marilyn monroe, qui trône, cuisses à l'air,  jusqu'au dessus des commodités tigrées. persuadée d'avoir trouvé le zinc le plus kitsch de la capitale, je reluque la robe blanche de marilyn en laissant un zèbre soufflant de l'air chaud me sécher les mains, et je quitte ma savane le sourire aux lèvres.


Mardi 20 décembre 2011 à 19:29

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