gobelet

devant une scène montée sur des futs de bière, j'écoute un timbré me vanter les mérites du patinage artistique en critiquant mon accent râpeux. j'ai envie de me noyer dans mon picon. ce mec raconte vraiment n'importe quoi : si à toulouse l'accent chante, il le fait clairement moins bien que pauline. toute en frange et en os, cette gonzesse tenait dans sa voix la promesse d'un lendemain sans gueule de bois. ses cordes vocales n'ont qu'une parole, c'est donc sans migraine mais avec l'impression que je pourrais mâcher ma salive que j'arrive devant la guinguette de la soirée. « tout sachète sauf le patron » : ce resto c'est la caverne d'ali-baba si t'as trois cent balles à claquer dans un porte-manteau en métal. vu que le menu à trente euros c'est déjà bien trop et que c'est autant de moins pour payer le vin, au menu c'est panini au fromage, sans frites et sans sopalin. on avait réservé pour huit, mais on débarque à onze, du coup anna fait un peu la gueule. anna, en plus d'être un joli palindrome, c'est la serveuse qui va devoir supporter pendant plus de deux heures la troupe de joyeux soiffards qui s'enquille du corbières à vomir dans des verres de cantine. comme la bouffe elle aussi est dégueulasse, maggie règle son ardoise en jetant dans son sac celle qui lui servait d'assiette. et quand à la sortie du deuxième service, d. sort de ses poches une salière et un moulin à poivre, on frôle l'apoplexie. on l'atteindra dans le ter du retour, parce qu'un trajet de sept heures sans wagon-bar, passe encore, mais avec un cheminot qui ne peut pas prononcer le mot "train" sans avoir l'air d'un enfant dyslexique, c'est vraiment trop pour nous. 

Mercredi 26 février 2014 à 0:30

si j'allume une cigarette, le bus va arriver non ?
silence et frustration ne me font pas oublier mes réflexes de petite fille. si je ne marche que sur les bandes blanches, il fera beau demain. si j'arrive à la gare avant la fin de ma chanson, il m'appellera. ce genre de conneries. le genre d'inepties qui me fait me retrouver devant une bière à trois heures de l'après-midi, parce que le pigeon crevé qui tombe à mes pieds, c'est un signe. saloperie de pensée magique.
le lendemain, la bouche pleine d'empanadas trop sèches, b. me balance avec une élégance qui me sidère que « palindrome n'en est même pas un ». deux ans plus tôt dans sa cuisine on anagrammait anagramme avec l'air de pas y toucher. si j'allume ma cigarette, le train va partir non ?

Mercredi 19 février 2014 à 13:37

on boit du vin, mais on n’a même pas encore l’âge légal pour s’offrir de la smirnoff ice, alors pour faire bonne figure, on a acheté trois sachets de dragibus. assis comme deux cons devant la vitrine d'antiquaire, on passerait facilement pour des épaves, mais l’accoutrement du bonhomme crie « bourgeois » au moins aussi fort que mes yeux crient « braguette », alors on nous laisse nous murger dans une tranquillité relative. des années plus tard, l’adolescente attardée en moi se persuade que son silence radio vient soit de son enlèvement par un groupuscule terroriste, soit de sa mort lors d’une randonnée en amérique latine.
alors quand lors d’une recherche délibérément hasardeuse, je découvre qu’il y a assez de vie en lui pour lui permettre de poster des vidéos de chats sur l’internet, j’ai un choc au moins aussi violent que quand un anonyme en devenir me rappelle que cinq ans plus tôt je lui racontais mes frasques libertines dans le détail. la vérité a un goût d’anachronisme.

Mercredi 29 janvier 2014 à 16:20

c’est sorti tout seul, entre les huitres et le chapon : « j’ai acheté deux/trois bouteilles au salon des vignerons la semaine dernière ! ». j’ose partager avec le sourire le souvenir d’une journée grisante, les bretelles de quelqu’un que j’aime bien, le chinon qu’on achète par caisses, et les vapeurs d’alcool qui me font m’endormir sur le trajet du retour.

le visage de maman se ferme quand je lui explique le ferry pour aller sur l’île de Skye et le nombre de kilomètres pour rejoindre nessie. la lettre qu’elle me tend démontre par a + b qu’on a touché le fond. celui qui il y a un mois à peine se moquait gentiment de mon intérêt pour le terroir français taxe aujourd’hui mes pérégrinations dominicales d’investissements œnologiques qu’il espère ne pas avoir financé sans le savoir. l’envie de lui envoyer ma fiche de paye et mon relevé de compte à la gueule me passe vite, à peu près au moment où je me revois  chanter le h.l.m à tue-tête du haut de mon mètre trente dans une maison de location à soulac. je sais pas si à cette époque là on était heureux, mais ça y ressemblait presque. joyeux noël.

Vendredi 24 janvier 2014 à 14:28

la peau rouge & les yeux brillants, on a acté que si une voiture nous prenait dans les cinq minutes avec la touche qu’on se payait, on était cap. alors quand le 4x4 s’est arrêté cinq secondes après que nos pouces se soient levés, on a pris ça pour un signe. le destin et quatre vacanciers un peu trop beaufs en ayant décidé ainsi, on est parties pour st jean en laissant la tente aux nez bouchés qui nous servaient de copines. les plages du pays basque sont infestées de pré adolescents en chaleur qui étalent la richesse et les opinions politiques de leurs parents sur le sable mouillé. & puis il y a cette fille, qui ressemble à s’y méprendre à une mst. on se rappelle plus vraiment d’où on a bien pu la choper, mais on a un mal fou à s’en débarrasser. pendant qu’on joue à la marelle, triplant par là le risque de nous péter deux ou trois chevilles, elle se lance dans un simili flirt avec une paire d’espadrilles. deux heures plus tard, la cagole en puissance est proche du coma, et ça nous arrange pas mal ; ca lui évite de nous raconter le nombre de dents de lait qu’il lui reste à perdre. trois kilomètres et six pauses clopes plus loin, on pose enfin notre cul alcoolisé sur un matelas dégonflé avec l’impression dégueulasse d’être passées à un marcel du mauvais goût.

sur l’autoroute du retour, la joie de s’éloigner des morveux lubriques n’empêche pas de rendre intolérable le retour à la vie réelle. alors après une heure à ranger les albums devant des dégénérés qui changent la couche de leur moutard sur ma table d’exposition, ma plus grosse récompense c’est ce gamin qui lit une histoire à son petit frère.

Mercredi 22 janvier 2014 à 1:10

<< A gauche | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | A droite >>

Créer un podcast